Ce qui permet d'économiser de l'argent à court terme se fait au détriment d'une transition énergétique réussie. Les défis ne manquent pas : le délestage des réseaux électriques, le Power-to-X, l'électrification de la mobilité et de l'approvisionnement en chaleur, la capture et le stockage de CO2, le stockage saisonnier, et bien d'autres encore. La Suisse a besoin de solutions innovantes. De nouvelles technologies doivent être développées et amenées à maturité commerciale.
Dans ce contexte, la suppression prévue des subventions fédérales pour les installations pilotes et de démonstration est clairement inappropriée. Cela est également démontré par les projets qui ont pu voir le jour grâce à ces contributions. Les services industriels de Swisspower ont également lancé et réalisé des projets qui n'ont été rendus possibles que par ce financement qui doit maintenant être supprimé.
Les Services industriels de Genève (SIG) ont pu lancer plusieurs projets de géothermie, par exemple pour le stockage géothermique des surplus d'électricité, grâce à ce soutien. La première installation Power-to-Gas de Suisse du membre Swisspower Limeco a également bénéficié de subventions pour la surveillance de la flexibilité d'une installation UIOM par le biais du Power-to-Gas. Un projet d'Eniwa SA consistait en l'installation d'un électrolyseur à la centrale hydroélectrique au fil de l'eau d'Aarau pour produire de l'hydrogène destiné au fonctionnement de véhicules à pile à combustible. INLADE, un projet de plusieurs services industriels Swisspower, analyse la faisabilité technique ainsi que les avantages et inconvénients de la recharge inductive des véhicules électriques. Selon Samuel Pfaffen, chef de projet, une phase 2 qui étudierait la recharge inductive bidirectionnelle ne verrait pas le jour avec la suppression des contributions P+D. Enfin, le projet Swisspower «Délestage du réseau électrique par des tarifs innovants» (ESIT) pour le développement de tarifs de réseau dynamiques est également soutenu par des contributions fédérales. Sans financement dans cette phase initiale du projet, ESIT n'aurait pas non plus vu le jour.
L'argument du Conseil fédéral selon lequel d'autres programmes de soutien subsistent n'est pas convaincant. Selon Michel Meyer, chef de projet aux SIG, les subventions pour les installations P+D complètent, mais ne remplacent pas, les fonds fortement sollicités d'Innosuisse ou du Fonds national suisse. On peut donc s'attendre à ce que de nombreuses approches innovantes pour relever les défis reconnus de l'approvisionnement énergétique suisse ne voient plus le jour en raison de la suppression des fonds P+D. Pour éviter cela, Swisspower, tout comme d'autres acteurs de la branche, s'engage pour le maintien de ces programmes de soutien critiques pour la transition énergétique.