Interview avec Ronny Kaufmann, Swisspower « Le plafond de subvention renchérit considérablement le projet »

Berne/Davos (energate) - Swisspower critique vivement le plafond de subvention envisagé pour certaines installations photovoltaïques alpines. Le projet « Parsenn Solar » près de Davos, auquel Swisspower participe, serait également concerné. L'alliance des services industriels se prononce par conséquent dans sa prise de position, comme l'avait déjà fait l'Association des entreprises électriques suisses (AES), contre la modification d'ordonnance prévue. Le CEO de Swisspower Ronny Kaufmann explique dans cette interview quelles seraient les conséquences si le soutien aux projets photovoltaïques alpins était limité à 3,5 millions de francs maximum par GWh de production nette durant le semestre d'hiver.

Texte traduit de l'allemand. Le texte original peut être consulté dans la version allemande de ce site web ou sur energate.

energate : Monsieur Kaufmann, où en est actuellement le projet Parsenn Solar ? À l'origine, les porteurs de projet comptaient obtenir le permis de construire d'ici fin 2024...

Kaufmann : Les documents de demande de permis de construire ont été redéposés en mars 2025 après révision. Nous attendons le permis de construire cet été. Par conséquent, la réalisation de dix pour cent de l'installation PV d'ici fin 2025 n'est pas possible. Nous avons donc salué l'assouplissement des exigences temporelles pour le Solar Express. C'était d'autant plus surprenant de voir ce projet de consultation trois semaines après le vote final parlementaire.

energate : Que signifierait le plafond de subvention envisagé pour la suite de la planification de Parsenn Solar ?

Kaufmann : Cette approche crée une grande incertitude de planification pour les partenaires du projet. Le plafond de subvention renchérit considérablement le projet. Mais surtout, cette approche change les règles du jeu en cours de partie, ce qui nuit à la confiance dans les mécanismes de soutien de la Confédération. Ce qui dérange également, c'est que la Confédération place la responsabilité de la sécurité d'approvisionnement chez les acteurs du secteur, mais n'est pas capable d'assurer la sécurité de planification avec des conditions-cadres fiables.

​energate: Parsenn Solar risque-t-il donc peut-être même l'arrêt définitif ?

Kaufmann : La rentabilité des grandes installations solaires alpines est difficile. Même si la réduction des contributions d'investissement n'avait pas lieu, ce projet ne remporterait pas de prix de rentabilité : il contribue en revanche à la sécurité d'approvisionnement et les expériences collectées en haute montagne pourraient s'avérer utiles à l'avenir.

L'augmentation des coûts de production d'électricité liée à la modification d'ordonnance dépasse cependant tant la marge de manœuvre des porteurs de projet que celle d'éventuels futurs investisseurs. La réalisation du projet serait donc considérablement compliquée, voire rendue impossible pour des raisons économiques, malgré l'adhésion élevée de la population locale et le grand intérêt de la commune d'implantation de Davos. Entre-temps, rien ne change au déficit hivernal d'électricité.

​energate : Qu'en est-il des autres projets PV alpins ?

Kaufmann : Selon nos informations, d'autres projets sont dans une situation similaire. Le dommage à la confiance est grand : de nombreux fournisseurs d'énergie ont pris un risque entrepreneurial élevé avec le développement d'installations solaires alpines et ont chacun accompli un travail de pionnier en terrain de haute montagne pour renforcer la sécurité d'approvisionnement de la Suisse. Ils ont ainsi répondu à leur mission politique.

​energate : Certains arguent que le mécanisme de soutien actuel n'a assuré « que de manière limitée » l'efficacité des coûts pour les projets PV alpins. Quelle est la position de Swisspower ?

Kaufmann : Le Solar Express est né sous la pression temporelle pendant la crise énergétique. Son objectif est de combler le déficit hivernal d'électricité. Avec la configuration légale actuelle, cela ne réussira pas. Maintenant, nous pouvons soit mener un débat anachronique sur de nouvelles centrales nucléaires que personne dans le secteur ne construirait, soit le législateur révise et établit des conditions-cadres qui permettent effectivement davantage de production d'électricité hivernale.

L'interview a été menée par Marcel Jud, rédacteur chez energate.